D'un air songeur, Eirlys se tenait devant l'immense tableau tapissant le fond de la pièce. Derrière elle, Allan et Rhys, deux des sept chercheurs qu'elle dirigeait, débattaient sur l'une des hypothèse que venait d’émettre Glyn. D'une oreille attentive, elle suivait le déroulement des hostilités, tandis que le reste de ses pensées se perdaient dans un calcul sur lequel elle était depuis le début de la journée. Il ne s'agissait bien évidemment là, pas de simples équations mathématiques, bien au contraire, dans cette salle ne se déroulait que pure création. Le but de ce groupe de recherche étant d'émettre de nouvelles théories afin de pouvoir les appliquer sur les moteurs antigravitationnels, il ne fallait pas rechercher ce qui l'avait déjà été, il fallait créer et les mathématiques permettaient cela. De cette langue, si simple et complexe à la fois, pouvait émaner de nouvelles lettres, de nouvelles équations, de nouveaux concepts. Subitement, sa main s'agita frénétiquement sur le tableau, de la poussière provenant de la craie s’échappant de la plaque d'ardoise. Derrière ce petit bâtonnet de craie apparaissaient des symboles mathématiques, il ne s'agissait pas là de simples chiffres, mail bel et bien de pure théorie.

Une fois terminée, Eirlys laissa s'échapper un soupir, puis retourna à son bureau. La conversation qui avait démarré il y a plus d'une demi-heure ne s'était toujours pas terminée, oscillant entre argumentation douteuse et sarcasmes à peine camouflés. Sans aucun doute, ces deux là ne s'appréciaient guère. Pour autant une bonne ambiance était de mise en temps normal. Tournant la tête vers eux, elle leur envoya un regard sévère. Profitant que la conversation se soit détournée du sujet original, elle remit à leur place les deux chercheurs, puis retourna à ses affaires. Eirlys n'était pas dupe, bien que respectée, son autorité était souvent mise à rude épreuve. Mais alors que ses pensées s'envolaient vers un autre monde, celui des mathématiques, elle entendit une notification émaner de son ordinateur. Bien que son destinataire n'est rien d'anormal, il en était tout autre du titre du courrier-électronique. C'était la deuxième fois en une semaine que la jeune femme recevait des mails sortant de l'ordinaire. Curieuse, la jeune femme ouvrit le fameux courrier, puis commença sa lecture.

Une visite, d'un membre du gouvernement avait été planifiée au cours de la semaine. Eirlys était chargée d'escorter ledit visiteur et de répondre à ses questions dans la mesure du possible. A la fin du paragraphe avait été disposé une longue liste de pièce dont l'accès n'avait pas été autorisé à l'inspecteur, sauf sous remise des papiers le lui permettant. Eirlys n'officiait que depuis un mois et bien qu'elle ait eu le temps de se faire à l'étage où elle travaillait, il lui faudrait apporter avec elle un plan pour ne pas se perdre. Heureusement, son excellente mémoire lui permettrait de ne déambuler inutilement dans les méandres des couloirs de la Valkyrie Corp.. Ainsi consistait le travail de chef d'étude, une partie recherche et une partie administrative, ses supérieurs préférant déléguer ces tâches ennuyantes à leur subordonnés.

_________________________________

Trois jours après la réception du mail, Eirlys se tenait là, devant les portes d'entrées du bâtiment. L'heure prévue n'arrivait que dans une dizaine de minute, la jeune femme profita donc du temps qui lui restait pour se remémorer les plans qu'elle avait regardé la veille. Dotée d'une mémoire visuelle, le plan lui apparaissait littéralement dans l'esprit, les pièce s’agençant les unes avec les autres. Une seule information lui faisait encore défaut, les informations concernant l'inspecteur qui allait occuper sa journée. Quand bien même ne savait-elle pas à quoi il ressemblait, les membres de l'accueil lui ferait signe de son arrivé.

Tandis qu'Eirlys attendait patiemment que l'heure arrive, elle repensa à cette fameuse visite dont elle avait la charge. La Valkyrie Corp. étant l'une des fierté du pays, sa plus grande multinationale, il n'était donc pas étonnant que le gouvernement veuille se tenir au courant de ses projets en cours et futurs. Bien que les rapports auraient normalement du suffire, il ne s'agissait là pas uniquement de vérification, mais également de politique. Quoi qu'il en soit, ce n'était là qu'une journée de travail perdue. Peut-être pourrait-elle y trouver un intérêt, mais Eirlys en doutait.

Après quelques minutes, elle vit deux employés accompagné d'une femme à peine plus vielle qu'Eirlys se rapprocher d'elle. Le soleil se reflétait dans sa chevelure dorée, tandis que ses yeux ressemblaient à deux saphirs. Un visage à en détourner les regards. Une fois arrivée à son niveau, ses accompagnateurs retournèrent à leur tâche tandis que la jeune femme se présenta avec distinction sous le titre de Général Elvira Luxendarc. Eirlys du retenir sa surprise pour ne pas déformer son visage, que pouvait bien faire un général pour ce qui devait être une simple visite de routine. Ses supérieurs avaient-ils omis certaines informations ? Bien que la scientifique ne soit pas du genre à se dévaluer en face de personnes aux responsabilités plus grandes, c'était la première fois qu'elle avait à faire à une telle pointure. Tendant sa main en réponse à l'invitation de la générale, Eirlys se présenta à son tour.

« Je vous en prie, il n'en est rien. Je suis enchanté de faire votre connaissance Général, je m'appelle Eirlys Creirfyw et je suis la chef d'un petit groupe de recherche. Je serai là pour répondre à vos questions et vous accompagner tout au long de cette journée, mais je m'attendais pas à ce vous soyez une personne si importante, sans vouloir paraître impolie. »

Invitant la Générale à la suivre sans omettre tout le respect dont elle devait faire part, Eirlys continua son discours.

« Avez-vous une idée de ce que vous voulez visiter ? Bien que les lieux me soient moins inconnus, je suis encore nouvelle ici. Je vous rassure, j'ai pris garde de bien apprendre mes leçons. »

Dit-elle afin de détendre l'atmosphère. En effet la Générale ne semblait pas être une personne trop imbue de son rang, tout du moins pas assez pour considérer les personnes comme elle comme de simple gratte papiers. Et cette petite touche humoristique était un bon moyen de tâter le terrain.

En réponse, Mademoiselle Luxendarc invita son interlocutrice à la surprendre. Eirlys avait donc le champ libre concernant la visite et bien qu'elle ait déjà un peu réfléchit à cette idée, la jeune femme devrait improviser au cours de la journée. Quant à sa dernière question, la scientifique lui répondit, toujours sur un ton empli de respect :

« Pas du tout, après tout vous êtes bien là pour visiter nos différentes activités n'est-ce pas ? »

Eirlys savait bien qu'elles étaient les zones à éviter et celles qui ne pouvaient échapper au contrôle de l'état. Dans tous les cas, si la jeune femme le demandait et présenté les quelques pièces nécessaires, Eirlys ne pourrait lui refuser l'accès à une salle. Ouvrant la marche, elle se dirigea dans un premier temps vers les gros projets que menait la Valkyrie Corp.. Parmis ceux-ci, moteurs nouvelles générations, modules d'armements et armes conventionnelles, nouvelles technologie furtive, de détection et de combat étaient de mises. Étant une militaire, la Général devait appréciait les armes et véhicules en tout genre. Même si la paix régnait de tout temps en ce bas monde, l'état se gardait une certaine marche de manœuvre.

« Je vous propose dans un premier temps d'aller voir notre secteur militaire, puis dans l'après-midi de se concentrer sur les secteurs se servant des cristaux. Il y a bien évidemment de nombreux autres secteurs, mais il serait impossible de vous les montrer convenablement en si peu de temps. »

Après une dizaine de minute de marche, Eirlys entra dans l'étage destiné aux modules d'armements sur les véhicules. Tourelles en tout genre, à balles ou à énergie, étaient de la partie. Épargnant les longues explications scientifiques à l'inspectrice, Eirlys décida de se contenter d'une explication assez concise, sans pour autant omettre les principales informations. Ainsi, elle dégaina tout un arsenal de terme mettant en avant les améliorations qui ont été apporté par rapport aux anciens modèles, tout en veillant à ne pas perdre son interlocutrice.

« N'hésitez pas à me couper, ou à me demander des informations supplémentaires si jamais vous le désirez.  »

Alors qu’Eirlys venait d'inviter la Gérérale à l'interrompre selon son bon vouloir, celle-ci prit entre ses mains un prototype de fusil de précision et invita la scientifique à lui faire part des nouveautés apportés sur ces derniers modèles, curieuse de la manière dont pourrait disposé ses hommes de ces armes. Soucieuse de ne pas rendre cette journée ennuyante, Eirlys eut une idée afin de rendre la visite plus interactive. La jeune femme le savait bien, ce qui allait ressortir de cette visite pourrait lui nuire comme lui rendre service. Dans le pire des cas, elle recevrait une brimade et des services de ce genre ne lui seraient plus demandés. Une situation inacceptable pour cette jeune femme ambitieuse, soucieuse de gravir les échelons sans perdre de temps en cirage de pompe inutiles.

« Attendez un instant je vous prie, je reviens tout de suite. »

Dit Eirlys alors qu'elle se dirigea vers le responsable du secteur, une idée en tête. Plutôt que de se contenter d'un simple déballage long et ennuyant de chiffres en tout genre, le tout ponctué d'explications, Eirlys désirait pouvoir montrer à son invitée de quoi était capable ces petits bijoux de technologie. Elle revint quelques instants plus tard et sélectionna quatre armes dont le fusil de précision que tenait entre ses mains la Générale.

« Plutôt qu'une présentation ennuyante, je vous propose d'essayer ces armes dans nos salles d'entrainement, même si je compte bien vous expliquer clairement, si cela vous convient et une fois que vous les aurez testés, qu’elles ont été les améliorations apportées. »

Eirlys ne savait absolument pas comment manier une arme. Jamais de sa vie la jeune femme ne s'était battu, ni-même entrainée à se battre et il en était de même pour les armes à feu. Ainsi elle comptait sur les testeurs afin de l'aider à aiguiller la Générale, bien que celle-ci doive être rompue, ayant manié ce genre d’outils depuis son service dans l’armée. La plus part d'entre eux étaient des militaires retraités, peu ont tué de vrais Hommes mais beaucoup ont pendant longtemps combattu des monstres plus féroces les uns que les autres. Après avoir déambulé pendant quelques minutes dans les couloirs de l'immense tour, Eirlys prit un ascenseur qui les mena tout droit sous terre, à plus de cent-mètre de profondeur. Peu sportive, elle sentie le poids des armes pesées sur ses frêles bras, profitant de la longue descente entamée afin de les soulager en posant les armes au sol. Quelques instants plus tard la lourde porte métallique s’ouvrit, laissant apparaitre une grande plaine verte parsemée d’imposants piliers en métal. Ici se trouvait des terrains permettant de tester les armes en situation réelle. Bien que les simulateurs puissent suffire amplement, aucun d'eux ne pouvait se vanter d'être aussi impressionnant qu'une démonstration en directe. A quelques mètres de la cabine métallique se trouvait un petit bâtiment, dans quel homme se trouvait, allongé sur le sol en train de calibrer son angle de vision à l'aide de sa jumelle. Eirlys ne le connaissait pas, mais elle avait pu avoir son nom grâce au responsable de la division.

« Bonjour Monsieur Hamwel, je suis Eirlys Creirfyw et voici la Générale Elvira Luxendarc. Je suis chargé de lui faire la présentation de nos dernières avancées, dont ces armes à feu. Puis-je compter sur votre aide pour se faire ? »

Surpris, l'homme se rhabilla d'un geste rapide puis se mit au garde à vous devant la jeune femme. Bien que retraité, un militaire restait un militaire. Son visage semblait marqué par le temps, ainsi que ses mains. Ses cheveux blancs se fondait parfaitement dans le visage de cette homme, un de ceux à qui la vieillesse allait bien. Etant Norwennien, Eirlys ne pouvait déduire son âge de son apparence, mais celui-ci semblait être avancé. Après avoir reçu le signal de la Générale, il se présenta rapidement comme étant un ancien sniper. Le modèle qu'il tenait dans la main était un ancien ce qui lui permit de faire tester les deux à la Générale, après une rapide explication de la manière de se servir d'une telle arme.

Comme vous pouvez le voir, de nombreuses modifications ont été apportés Madame. Tout d'abord le système d'aide à la visée a été amélioré, permettant grâce au système de correction du vent d'améliorer la précision de l'arme. De plus la stabilité a été retravaillée ainsi que la puissance de l'arme. Le problème est que pendant longtemps la taille de la lunette de visée a freiné les améliorations possibles concernant la portée maximale. Les ingénieurs ont donc décidé depuis quelques modèles de le remplacer par un système numérique de traitement d'image. Ainsi bien que la visée soit toujours optique, les images sont traitées par un système informatique afin d'en améliorer la résolution.

Les test s'enchainèrent ainsi les uns après les autres, ponctuées des explications de la scientifique. Puis lorsqu'elle eut terminée, Eirlys invita la Générale à prendre une pause déjeuné. Le militaire proposant amicalement de rapporter les armes au laboratoire, elle put s'y diriger directement. Par la suite la jeune femme allait attaquer la partie la plus intéressante de la visite, les cristaux. Mais elle espérait pouvoir en apprendre un peu plus sur la personne qui allait occuper le reste de sa journée.

Quoi que cette dernière pensée fut troublée parce qu’elle avait d’entendu à la fin de l’entrainement. Elvira semblait avoir pris un plaisir plus grand qu’Eirlys ne l’aurait imaginé au maniement des armes, laissant même s’échapper un rire strident lors de sa dernière dance enflammée. Un aspect de sa personnalité qui la rendait plus mystérieuse, un peu effrayante également. Un frisson parcouru le corps d’Eirlys, même si la scientifique savait qu’elle ne craignait rien, cette désagréable sensation l’habitait encore. La Générale félicita les deux collègues pour cette présentation et demanda à Hamwel de passer le mot concernant sa satisfaction par rapport à ce qu’elle avait vu jusqu’à maintenant.

Eirlys se dirigea vers un restaurant se situant au milieu de la zone appartenant à la Valkyrie Corp.. Etant donné sa taille, la multinationale ne possédait pas que cette tour, mais plusieurs quartiers, une ville dans une ville. Ainsi était mis à disposition des employés un hôpital, plusieurs magasins, des restaurants… tout ce que l’employé désirait, il pouvait le trouvait au sein de la Valkyrie Corp., de surcroît avec des prix défiant toute concurrence. La manœuvre était évidente, l’entreprise gagnait là plus qu’elle n’y perdait, en plus de donner un confort de vie non négligeable à ses employés garantissant leur fidélité. Economiquement parlant, c’était une idée de génie.

Après quelques minutes de marches qui se firent dans le silence, les deux jeunes femmes arrivèrent à destination, un petit restaurant qui servait des plats typiquement Norwenien. Demandant deux place au serveur qui faisait l’accueil, elle le suivit et tira la chaise afin d’installer son inviter, puis elle s’assit enfin en face d’elle. Tout en se saisissant de la carte que lui tendait le jeune homme elle s’adressa à la Générale.

« J’espère que cela vous conviendra, si jamais je connais d’autres restaurants, mais de ce que j’ai pu tester celui-ci est particulièrement bon. »

Eirlys n’était pas très difficile en ce qui concernait la nourriture, mais manger un bon repas était l’un de ses plaisirs favoris. Tout en regardant la carte, elle observa d’un coin de l’œil son invitée. Elvira semblait jeune, très jeune pour une personne possédant de si haute responsabilité. La réalité devait être tout autre, étant donné que certaines personnes pouvaient s’arrêter de vieillir physiquement à Norwen, leur conférant un aspect presque éternellement jeune. Mais il était trop tôt pour poser ce genre de question.

« Je suis contente que la matinée vous ait plus, mais je suis toujours surprise qu’une personne si haut placée que vous se charge d’une visite comme celle-ci. »

Et que ce soit moi qui sois chargée de vous accompagner.

« Est-ce vous qui avez demandé de vous en charger ? »