Tu effleuras la peau de ton cou, sentant les tatouages se remettre lentement en place autour de ce dernier. La phrase dans une langue morte se mit au repos, fatiguée par ses dernières actions. Une bête inconnue à ton regard, venant certainement de l’abîme crée par la détérioration du cristal, reposait derrière toi. Tu ne ressentais pas tant d’inquiétude à cette idée, au fond, il ne s’agissait que d’animaux, sans intelligence, ils n’attiraient pas ton attention. Peut-être à tort.

Le sifflement transformé en gargouillis de sang sortit des crocs de la créature. Derrière tes lunettes, tu optas pour un regard étonné, et te retourna. Même envers les créatures, tu te montrais agaçant, léger, toujours toi.

Tiens, toujours évei…

Elle fonçait sur toi, tu aurais du t’attendre à cette férocité. Croiser son chemin ne t’avait-il rien appris ? Au dernier moment tu te protégeas de tes bras, utilisant ton don pour faire ressortir les tatouages afin d’amortir le choc. Tu sentis tes muscles en prendre un coup, tu sentis tes pieds quitter le sol, et te voici projeté en dehors des quelques rochers et arbustes dans lesquels tu avais fait cette fâcheuse rencontre.

Un rouler-bouler plus tard, ton regard se leva lorsque tu aperçus un jeune homme pas si étranger que cela. Il était la raison de ta venue, vraiment ? C’était un secret. Tu savais qu’il était là, tu te remis sur tes pattes avec lenteur, époussetas tes vêtements et opta pour un certain étonnement. Sourire charmeur, tu lui fis un geste de la main. Menteur.

Caezar ? Toi, ici ? Quel heureux hasard !

Tout en ignorant la créature qui t’avait abîmé, se rapprochant d’un air menaçant et blessé. Tu avais l’intention de le voir, ton Caezar, dans une divine coïncidence sous ton entier contrôle. A Aktarr, tout se savaiit, tout se rapportait, et ton oreille savait où traîner pour avoir des informations intéressantes. Alors, lorsque tu sus que le jeune blondinet était revenu sur Ilgarde, oh… Tu n’allais pas te priver de lui rendre une petite visite faussement surprise.

Mais arrêtons les simagrées, très cher. Derrière tes lunettes noires, fêlées par ta chute, tu le dévorais des yeux, pour mieux reprendre un visage sérieux, ou plutôt malsain. Un de tes sourires mauvais se peignit sur ton faciès, et tu montras du doigt le monstre face à vous. T'amusais-tu ? A merveille.

Veux-tu jouer à mon jeu ?

Tu avais cette impatiente idée en tête. Cette mauvaise idée. Ce genre d’idée qui te faisait frissonner.

Tu avais effectivement le chic pour les arrivées, autant que les départs. Ce n’était pas ta faute, c’était la leur. Après tout, tu étais l’innocence même, un simple homme, dans un simple apparat, simplement simple d’esprit. De ta légèreté coutumière, tu reculas de quelques pas pour rejoindre ton adoré et observer sa main effleurer le cristal. Tu étiras un sourire, amusé, amusant, suave et coloré.

Il y a tant à voir, si tu ouvrais seulement tes yeux.

Ce n’était pas de la méchanceté, pas une boutade, pas un ordre, pas une taquinerie, juste un intérêt à vivifier. Beaucoup voyait dans l’abysse qu’une simple désolation, tu y voyais une perfection imparfaite, ignorée et ignorante. Tu y voyais une réflexion du monde, de son futur et du cristal même. Tu y voyais des réponses, des questions, et un tout presque humain, et même plus humain que l’humanité même. Tu y voyais mystères et rationalité. Tu y voyais ce que tu appréciais, ce que tu adulais. Tu aurais aimé que Caezar y voit la même chose : un enfant comme un vieillard, un amant comme un ennemi. L’ennui, Drassyr, c’était que le noir de tes yeux envenimait plus que ces derniers. Tu étais aveuglé.

Tu veux plutôt dire qu’on ne le laissera pas partir, non ? Caezar, nous ne sommes pas proies, n’est-il pas ?

Petit sourire malicieux cette fois-ci, tu penchas la tête pour l’observer par-dessus tes lunettes, avant de te concentrer sur la créature. Il n’en était que cette dernière vous faisait face, qu’importe la proie ou le chasseur. Ta main glissa sous ton haut noir, pour effleurer ta peau, un liquide noir coula, se forma et le soleil s’ancra entre tes doigts, aussi grand que ta main, dentelé, pourvu de mâchoires d’acier, presque artistique tandis que tu jouais avec. Le coeurl n’était pas une de tes créatures préférés, tu aimais pourtant jouer avec cette dernière, peut-être par ressemblance, peut-être pour un rien, pour un tout, pour un mensonge, pour une vérité, par caprice comme par folie.

Elle était blessée. Petite chose. Et tu allais… Le laisser la tuer. Curiosité malsaine qui noyait ton cœur maladif. Voir sa réaction, le voir tuer un être vivant, tu ne l’avais jamais vu à l’œuvre, tu espérais. Finalement, cette rencontre que tu souhaitais contrôlée, devenue incontrôlée, redevint tienne. Tu haussas des épaules à sa question, tourna ton visage vers lui, tournant le dos à la créature courant vers vous, tout en reculant, tout en te rapprochant. Une petite danse avec la mort.

Je suis venu jouer à un jeu.

Tu sentis les griffes effleurer tes côtes, elle allait te blesser, cette créature que tu avais envenimé. Tu allais faire de même, ton corps esquiva à peine sa lourde patte ensanglantée, tandis que tu plantais ton arme dans son épaule pour arracher un morceau de chair. Ton haut était déchiré. La bête rugit. Une petite danse avec la mort. Tes iris le cherchèrent de nouveau, malgré la proximité dangereuse avec le monstre. Elle allait t’attraper, te dévorer dans sa furie, était-ce ce que tu souhaitais ? Qui sait. Tu ne dirais pas la véritable raison de ta venue, tes petits secrets dévoilés par les autres étaient plus satisfaisant que les dévoiler toi-même.

Et toi, tu es venu me voir ?

Tu gloussas, à ce mauvais trait d’humour. Viens m'accompagner, Caezar.